Abidine Cheick, Chargé de Programme à l’Association pour le développement des Populations (ASDEP), nous explique les différentes étapes qui ont amené l’ASDEP à être candidate puis lauréate de l’appel à projets Graines de Citoyenneté du volet « Consolidation ». 

Un engagement national et international 

“L’ASDEP, créée en 2008, est une ONG d’envergure nationale avec des collaborations fructueuses au niveau ministériel et d’autres ONG, renforçant ainsi son impact à l’échelle nationale et internationale.” 

Renforcer la cohésion sociale à Nema et Timbedra

« Ce projet novateur s’étend sur une période de 12 mois. Il cible spécifiquement les jeunes de 18 à 35 ans, membres d’associations des communes de Nema et Timbedra. Il est le fruit d’une approche holistique qui implique la jeunesse, les communes, le ministère de la jeunesse et les associations de la société civile. 

L’ASDEP a défini des indicateurs précis, afin de toucher directement 160 jeunes tout en en sensibilisant 2000 autres sur des questions cruciales, telles que la cohésion sociale et la promotion des droits des jeunes. Il s’agit de mettre en place des formations pour lutter contre le chômage des jeunes, faciliter la cohésion sociale. C’est aussi un moyen de lutter contre l’extrémisme violent. »

Afsa Dia est chargée de projet au sein de l’Association des Gestionnaires pour le Développement (AGD). Elle était en première ligne pour rédiger et concevoir le projet « Appui/Conseil des associations Emergence et accompagnement pour une meilleure structuration associative » qu’elle a déposé en réponse au fond “Consolidation” de Graines de Citoyenneté. L’association en a tiré une expérience enrichissante, lui permettant de clarifier davantage son projet et son action.

Afsa, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’association des Gestionnaires pour le Développement ?

« L’AGD est une association qui existe depuis plus de 20 ans. Elle œuvre pour les droits des enfants en Mauritanie, principalement au sein des populations marginalisées et vulnérables. Notre siège est à Nouakchott, mais on a aussi des antennes à Rosso et à Nouadhibou. Nous nous déplaçons régulièrement à l’intérieur du pays et nous intervenons dans toute la Mauritanie.

Nous sommes également très engagés sur la lutte contre le VIH, sur l’éducation aux droits humains, l’autonomisation des femmes, le leadership, la bonne gouvernance, ainsi que sur des projets d’entrepreneuriat pour les jeunes. » 

L’AGD fait partie des lauréats de l’appel à projets “Consolidation” de Graines de Citoyenneté. Pouvez-vous nous décrire le projet que l’AGD va porter ?  

« A l’origine c’est un projet d’appui-conseil destiné à neuf associations émergentes de jeunes. Mais, après des discussions avec l’équipe de Graines de Citoyenneté il a été jugé préférable que l’on se concentre pour l’instant sur quatre associations de Nouakchott qui ont été sélectionnées dans le cadre du fonds Emergence. Notre objectif est d’accompagner la structuration de ces 4 organisations, d’appuyer leurs capacités à mobiliser, et de les former sur la vie associative pour qu’elles puissent être actrices du développement en Mauritanie. »

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à cet appel à projets ? En quoi ce projet reflète votre vision pour votre communauté ou votre association ?

« Les questions liées à la jeunesse font parties intégrantes de nos missions. Cet appel à projets, nous permettait de pouvoir mettre en place des activités pour travailler avec des jeunes, de comprendre leur rôle de citoyen, d’étendre leur influence dans le développement. C’est une mission motivante et novatrice !

C’est un concept stimulant et positif pour l’AGD, qui nous permet de trouver quelques ressources pour orienter notre action. Nous avons une vision d’une communauté où les jeunes ont un emploi, participent à la pérennité du projet et contribuent au développement national avec des valeurs citoyennes de tolérance et de respect d’autrui. »

Quels défis avez-vous rencontrés, pour monter votre projet et répondre aux lignes directrices de l’appel à projets ? Comment les avez-vous surmontés ?

« L’écriture du projet exigeait d’être pertinent tout en articulant deux concepts : bonne gouvernance et engagement des jeunes. C’est un vaste domaine !  Il nous a fallu construire quelque chose d’approprié et de concret, qui a nécessité une réflexion approfondie.

La couverture géographique a aussi été un vrai sujet de réflexion.  Au départ, nous avions proposé Nouakchott et Nouadhibou. Mais après discussions avec l’équipe de Graines de citoyenneté, l’AGD a décidé de se limiter à Nouakchott pour garantir un travail de qualité plutôt que de chercher une large couverture et prendre le risque de pêcher sur les résultats. »

Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés de cette expérience ?

« J’ai été en première ligne de l’écriture de ce projet et j’en ai tiré beaucoup d’enseignements. Ça a été un véritable défi et un véritable apprentissage de concevoir des activités alignées sur les objectifs tout en respectant les contraintes budgétaires. L’écriture du projet a été enrichissante. J’ai compris que la thématique de la jeunesse est une thématique qui a de l’importance pour les bailleurs et les partenaires. »

Un mot de la fin pour conclure cet entretien ?

« Mon souhait est que les objectifs soient atteints, que les associations que nous aurons formées capitalisent leurs acquis pour se perfectionner, et que cela nous servira de tremplin pour recevoir des financements et avoir des retombées positives sur les associations à l’échelle nationale. »

La Troupe Théâtrale de Nouadhibou, créée en 2018, est lauréate de l’appel à projets “Emergence”. Grâce à ce financement et à l’accompagnement de Graines de Citoyenneté, elle accompagnera des jeunes femmes pour qu’elles s’ouvrent aux arts du théâtre. Hayatt Bowberry revient sur l’expérience acquise au cours de l’écriture du projet.

Hayatt, qu’est-ce que la Troupe Théâtrale de Nouadhibou ?

« La Troupe Théâtrale de Nouadhibou, a été fondée en 2018. Elle est spécialisée dans les arts du spectacle. On opère principalement dans la Wilaya de Dakhlet-Nouadhibou. Notre mission va de la représentation de spectacles à la formation des jeunes aux techniques théâtrales. »

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots le projet pour lequel vous êtes lauréats de l’appel à projets de Graines de Citoyenneté ?

« Le projet s’intitule « Permettre aux filles d’accéder aux Arts du Spectacle ». Il a pour objectif de permettre à 20 jeunes filles, en collaboration avec diverses entités telles que la Direction Régionale de l’Éducation et la Direction de la Culture de la Jeunesse et des Sports, de s’ouvrir à ce type d’activités culturelles. En effet, en Mauritanie, les arts du spectacle sont surtout pratiqués par des hommes. L’idée est donc de véhiculer des messages de sensibilisation à travers l’expression artistique féminine. »

Que retiens-tu de cette expérience ?

“La possibilité de déposer un dossier en arabe nous a grandement aidé. Mais je retiens surtout que pour la résolution des problèmes, dans la construction d’un projet, de son écriture à son dépôt, il est nécessaire de travailler en équipe. Cette expérience a renforcé ma conviction sur le fait que l’approche individuelle a toujours des limites. J’ai grandement bénéficié de l’expertise des membres expérimentés de mon groupe. Et j’espère surtout que dans le futur, les appels à projets se focaliseront essentiellement sur les jeunes filles ! “.

L’Association “Lutte Contre la Destruction de la Petite Enfance” (LCDPE) s’engage en faveur de la protection des enfants et de la prévention de la délinquance juvénile dans la ville de Sélibabi. C’est à ce titre qu’elle a été candidate puis lauréate du fonds “Emergence” de Graines de Citoyenneté. Entretien “Et si ?” avec El Mokhtar Oumar Fall, le jeune fondateur et coordinateur de la LCDPE.  

Si votre projet était un objet ? 

Un pont. Un pont vers l’avenir. 

Je l’imagine comme une structure solide. Ce projet aspire à soutenir et à connecter les jeunes de Sélibabi à des opportunités éducatives et professionnelles. Nous voulons créer des liens robustes pour prévenir et combattre la délinquance juvénile et établir des bases solides qui favorisent la croissance et la stabilité sur le long terme au sein de la communauté, en érigeant un passage vers un avenir prometteur. 

Si vos bénéficiaires étaient un adjectif qualificatif ? 

“Promoteur”. Au sens où ils promeuvent des valeurs auprès d’un public plus large.  

Bien que le projet soit prévu pour durer 7 mois dans notre planification, il requiert un engagement continu. En qualifiant les bénéficiaires de « promoteurs », nous incarnons l’idée que le potentiel des jeunes de Sélibabi, dans tous les domaines (artistique, sports et culture), mérite d’être mis en avant pour contribuer significativement au développement de la commune. 

Actuellement, nous travaillons avec 25 jeunes rappeurs que nous avons identifiés et regroupés dans un groupe WhatsApp. Nous espérons faire d’eux des points focaux, car chacun d’entre eux peut fédérer un public de jeunes qui lui est propre. Ces artistes joueront un rôle essentiel dans le processus d’éducation et de coaching à travers leurs compositions. 

La mission de LCDPE est d’appuyer les jeunes dès l’adolescence car c’est à cet âge qu’ils sont le plus fragiles et risquent de gâcher leur avenir.  

Si la réussite de votre projet était un des 4 éléments ? 

La terre. 

Elle symbolise une fondation solide et durable. La réussite du projet se mesure à travers la stabilité de la communauté. Elle se traduit par la réduction de la délinquance juvénile. Les compétences acquises, telles des racines, se nourrissent de formations et favorisent une croissance soutenue et une collaboration solide entre les parties prenantes. 

Si votre projet devenait plus tard un monument historique ? 

Un acte de la conscience. 

Au lieu d’un monument, il serait plutôt un acte, témoignant d’une transformation collective des jeunes participants, en tant que modèles au sein de la communauté. Ces jeunes, formés, pourraient devenir des symboles influençant d’autres jeunes vers un lendemain meilleur. 

Malgré les défis, nous encourageons les Organisations de la Société Civile à persévérer, car d’autres opportunités se présenteront. Un merci sincère à toute l’équipe de Graines de Citoyenneté pour son appui constant. Ensemble, bâtissons un avenir prometteur pour Sélibaby ! 

Le Réseau petite enfance dans l’Assaba figure parmi les lauréats du premier appel à projets “Consolidation” de Graines de Citoyenneté pour son projet “Campagne d’information, éducation, communication sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) au profit des associations de jeunes » Entretien avec Raghia Sideiny, présidente de l’association qui se donne pour mission d’offrir des opportunités aux jeunes en difficultés.  

Ouvrir une porte sur l’avenir à des jeunes en difficultés 

“Notre association a une motivation profonde, aider les jeunes en difficulté scolaire à trouver des opportunités et à s’insérer dans la société. Cette vision, nous essayons de la traduire en actions concrètes, par exemple en accompagnant les enfants en conflit avec la loi, ou en mettant en place des actions de prévention contre l’extrémisme violent. Nous travaillons main dans la main avec des associations de jeunes de l’Assaba, l’organisation Ecodev, les autorités régionales, la délégation régionale de la jeunesse… Le but de notre association est d’ouvrir une porte sur l’avenir à des jeunes défavorisés, filles comme garçons, en soulignant l’importance de la jeunesse dans la construction d’un avenir épanouissant.” 

Un projet au service de l’insertion des jeunes… 

Le projet “Campagne d’information, éducation, communication sur les Violences Basées sur le Genre (VBG) au profit des associations de jeunes » consiste à mettre en place, pendant une année, une campagne d’informations, d’éducation et de communication sur les violences basées sur le genre dans 6 communes de la Moughata de Kiffa. 

Il cible des jeunes de moins de 35 ans, issus de familles défavorisées, pour essayer de créer des opportunités tangibles pour cette jeunesse souvent marginalisée. Nous pouvons par exemple citer l’ouverture des centres de développement communautaire et la nécessité de recruter des jeunes monitrices, de les former et de leur offrir un emploi en plus de leur activité génératrice de revenus. 

L’association “Réseau pour la petite enfance” soutient l’idée que chaque individu, quel que soit son genre, mérite une chance équitable dans la société. Il vient compléter un projet qui a déjà été réalisé sur l’appui des jeunes filles mères. Ce dernier consistait à renforcer le pouvoir d’achat au niveau de leur foyers, et de les accompagner dans la régularisation de leurs papiers ainsi que des enfants sans acte de naissance.  

…surmontant les difficultés techniques 

“Le dépôt de dossier a été marqué par un certain nombre de défis, notamment de connexion dans les zones rurales de l’Assaba. Mais nous avons fait preuve de détermination. Ces défis ont finalement été des opportunités d’apprentissage qui ont mis en évidence l’importance du travail en équipe, du respect des délais et de l’adaptabilité. Nous remercions chaleureusement tous les partenaires et les autorités locales, soulignant la force collective nécessaire pour réaliser des projets porteurs d’espoir”.